Donald Barabé, président de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec, était l’invité de l’émission « En direct » de QUB radio présentée par Mario Dumont, le 9 mai dernier. Voici quelques extraits de l’entrevue intitulée « Intelligence artificielle : les traducteurs ne se sentent pas menacés ».
Mario Dumont : Le métier de traducteur est-il menacé de disparition par l’émergence de l’intelligence artificielle (IA)?
Donald Barabé : Non. La traduction automatique existe depuis fort longtemps. Nous ne sommes pas inquiets. En fait, il s’agit d’un outil dont nous nous servons lorsqu’il est approprié de le faire. Je vais vous donner un exemple qui existe depuis plus de cinquante ans, tous les bulletins météorologiques d’Environnement Canada sont traduits par une machine.
Mario Dumont : Ce sont des informations simples avec toujours les mêmes mots…
Donald Barabé : Le corpus est mis à jour régulièrement et le logiciel est revu régulièrement, mais au moment où nous nous parlons, une équipe d’une dizaine de traducteurs professionnels se relaie pour réviser ce qui sort de la machine parce que c’est loin d’être toujours exact. Pourtant, il s’agit d’un domaine qui est bien circonscrit, comme vous l’avez dit…
Mario Dumont : Avec toujours le même vocabulaire…
Donald Barabé : Oui, avec toujours le même vocabulaire ou à peu près et, pourtant, la machine dérape.
Mario Dumont : : N’avez-vous pas l’impression que l’IA avec son efficacité, sa puissance [pourrait] enlever du volume de travail aux traducteurs?
Donald Barabé : Je vais prendre l’exemple à l’inverse, si ce logiciel automatique n’existait pas, traduire le bulletin météo nécessiterait près de deux cents professionnels de la traduction qui se relaieraient 24 h sur 24, et ce, 365 jours par année… Cela deviendrait un peu répétitif [pour eux].
En réalité, il existe tellement de traductions à faire, alors, c’est bien de disposer d’outils qui nous aident, mais ces outils-là dérapent très souvent.
Mario Dumont : [Le logiciel] que je nommais [précédemment], Google Traduction, est une forme d’IA, mais il est loin d’être parfait. Parfois, lorsque nous achetons un appareil [qui est accompagné d’une notice d’utilisation] traduite mot à mot, nous comprenons [la signification], mais [celui] qui ne comprend pas l’anglais et [ne lit que] le français, il ne comprend pas.
Donald Barabé : Effectivement, il existe des logiciels plus performants, mais dans des créneaux spécialisés. L’exemple de la météo est un bon exemple, les textes doivent être revus par des professionnels qui savent déceler les pièges et les dérapages. Vous avez donné l’exemple des notices d’utilisation qui sont traduites par Google Traduction, [elles conviennent] si vous connaissez la langue d’origine, mais que se passe-t-il si la langue d’origine n’est pas connue? Si c’est du japonais, du chinois ou encore de l’ourdou? Vous devez vous fier alors à ce qui se trouve sur la notice d’utilisation et parfois, cela crée des problèmes majeurs.
Pour écouter toute l’entrevue, cliquez ici.
Photo : QUB radio / OTTIAQ / Denis Girard
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