On connaît bien le rapport de partie à tout.
Pourtant, quand on formule la phrase « le colibri fait partie des oiseaux », on conclut un peu vite qu’il existe, entre ces mots, un rapport de partie à tout.
Le rapport de partie à tout indique une relation physique allant du petit au grand. Or, un colibri est une espèce d’oiseau, parmi des milliers d’autres. Comme la taille des oiseaux varie (comparons un colibri – ou oiseau-mouche – à un aigle royal), on ne saurait prétendre que *le colibri est plus petit que l’oiseau. Ce serait comme dire *une cerise est plus petite qu’un fruit.
Le tandem « colibri + oiseau » s’inscrit plutôt dans un binôme de type générique/spécifique, le facteur tangible et physique n’entrant pas en ligne de compte. Pour faire la part des choses, posons le raisonnement suivant : tout X est un Y, mais l’inverse n’est pas vrai. Par voie de conséquence, on dira, sans risque de se tromper, tout colibri est un oiseau, mais l’inverse n’est pas vrai. Il serait absurde de prétendre que *tout oiseau est un colibri.
Sur un tout autre plan, un bon rapport de partie à tout (ex. : Angleterre et Grande-Bretagne) pourra trouver des échos jusque dans la vexillologie, étude des drapeaux et étendards.
Notons que ces notions créent des passions et désinformations, même au sein des nations.
Ainsi, l’ancien Union Jack unissait les royaumes d’Angleterre et d’Écosse (croix de Saint-George et de Saint-André, respectivement). Il excluait toutefois le dragon, symbole du Pays-de-Galles, simple principauté intégrée à l’Angleterre. Le mariage de ces croix et de ces couleurs représentait la Grande-Bretagne, au sens politique.
Par contre, le nouvel Union Jack incorpore une troisième croix, celle de Saint-Patrick, celle des Irlandais. Dans ce contexte, rappelons qu’on parle uniquement de l’Irlande du Nord, l’autre Irlande étant indépendante. Là encore, les Gallois sont exclus, pour la même raison que tantôt.
Désarmant, désormais, ce drapeau du Royaume-Uni.
Nul ne confondra Grande-Bretagne (pays des Britanniques) et Bretagne (autrefois nommée Petite Bretagne par les Bretons, pour la distinguer, justement, de l’île de leurs origines).
Les îles Britanniques, elles, revêtent un sens purement géographique, aucunement politique.
Leur principale composante se nomme Grande-Bretagne (Angleterre, Écosse et Pays de Galles), tandis que la deuxième en importance s’appelle Irlande (Irlande du Nord et République d’Irlande, dite Eire). Rappelons que l’Eire est totalement indépendante du Royaume-Uni.
Pour mémoire, en 2020, l’Irlande du Nord sortait de l’Union européenne, à la suite d’une décision prise en ce sens par le Royaume-Uni. Par contre, sa grande sœur, Eire, fait toujours partie de l’UE, n’étant pas directement concernée par le Brexit. Il est facile d’imaginer l’imbroglio douanier que cela entraîne pour les deux Irlande.
Enfin, on sait que les îles Britanniques, renommées par les Irlandais « îles Anglo-Celtes », forment un archipel qui regroupe plus de 6 000 terres émergées.
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Outre-Atlantique, les États-Unis ne sont pas en reste, puisque la bannière étoilée représente aussi la somme de ses parties. Son encadré supérieur contient un nombre d’étoiles correspondant à celui des États fédérés au sein des USA.
Détail insolite : le film Oppenheimer, sorti en salle en 2023, contient une scène montrant plusieurs drapeaux qui arborent chacun cinquante étoiles. Pourtant, au cours de la Guerre, le drapeau n’en comptait que quarante-huit. On se situe en 1945, avant l’adhésion de Hawaïï et de l’Alaska. (Ce n’est qu’en 1960 que l’on ajoutera leurs deux étoiles au drapeau.)
Dans une autre scène du film, on peut voir des drapeaux rigoureusement exacts pour l’époque, arborant quarante-huit étoiles. Ce qui a de quoi surprendre.
Pour certains, ce flottement tiendrait au fait que les scènes filmées en noir et blanc, en mode « documentaire », avec des drapeaux de quarante-huit étoiles, représentent des séquences propres à la Deuxième Guerre, donc révolues.
Inversement, les passages filmés en couleur, avec des drapeaux de cinquante étoiles, constituent des réminiscences et des retours en arrière faits après 1960. Ce qui explique les références modernes.
Tout cela prouve qu’un usage fin des rapports logiques peut donner de polychromatiques anachronismes! Des dérapages déconcertants, certes, mais ici très bien maîtrisés.
Un dérapage raté, à l’écran, eût été désopilant. Imaginons le féroce Genghis Khan qui surgit en selle, sur une monture nommée Harley-Davidson. Oups et vroum en perspective…
Boîte de Pandore, cette monture nous démonte vu qu’elle constitue un vecteur mécanique et non pas hippique (ni colégram). Ici, monture exploite l’ambiguïté du rapport Animé/Inanimé.
Mais ce serait là le sujet d’un autre blogue.
Carlos del Burgo, terminologue agréé et traducteur agréé
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