La multiplicité de points de vue peut s’avérer source de bévues.
On note que ce « vutisme » ne tient rien du mutisme. Il est parfois source de néologismes.
En suivent quelques exemples.
Currency, monnaie et devise
Le générique anglais currency (qui donne foreign currency et local currency) se rendra soit par monnaie, soit par devise, mais jamais par *devise étrangère (pléonasme) ni par *devise locale (contradiction dans les termes).
Cependant, par un caprice de la langue, on dit aussi monnaie locale et monnaie étrangère. À croire que monnaie est aussi bien générique que spécifique.
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Hôte et hôtesse
Un hôte sera autant l’homme qui reçoit que l’homme qui est reçu. Le contexte tranche.
Par contre, l’hôtesse est la personne qui reçoit, jamais la personne qui est reçue. Du machisme pur… Demandez à une hôtesse de l’air ce qu’elle en pense.
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Ressortissant et citoyen
Le droit international reconnaît l’autorité du droit national pour déterminer le statut de « citoyen ». Mais dans certains cas, spécialement quand un citoyen est hors des frontières de son pays, le droit international reconnaît qu’un pays a le droit de protéger ses citoyens (qu’on appelle « ressortissants » quand ils sont à l’étranger), mais alors et pour cette raison, la définition du « citoyen » ou du « ressortissant » doit être aussi établie en droit international. (Termium, s.v. CITIZEN)
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Ressortissant étranger
Les termes foreign national et foreign citizen sont employés du point de vue du pays de résidence. Tandis que les termes national et citizen sont employés du point de vue du pays de citoyenneté. (GDT, s.v. RESSORTISSANT)
Rappel : Outre acquérir la citoyenneté canadienne ou acquérir la nationalité canadienne, on pourrait aussi dire se faire naturaliser canadien.
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Résident, résidant et national
Le participe présent donne résidant, bien sûr. Par contre, pour les substantifs, on a beaucoup parlé de résident et résidant, faciles à confondre, à l’oral comme à l’écrit.
Le nom employé pour désigner une personne résidant en un lieu donné peut s’écrire résident, résidente ou résidant, résidante. Pour des raisons de simplification orthographique, il est préférable de choisir la graphie en lorsqu’il s’agit du nom. Il n’y a qu’à penser à l’emploi de président (nom) et présidant (participe présent). Cependant, dans le cas qui nous intéresse, l’emploi de résidant, résidante n’en demeure pas moins correct. (GDT, s.v. RÉSIDENT)
Voici une incongruité synonymique digne d’intérêt. L’anglais emploie la forme nominale a national (pour un ressortissant, à l’étranger), alors que le français utilise le nom un national (surtout au pluriel, des nationaux) pour le ou les détenteurs de la nationalité du pays où l’on se situe. Les locaux, quoi.
Cela étant, dans une migration, se posera la question de la directionnalité : l’émigrant se situe encore aux antipodes – façon de parler – de l’immigrant.
Et, là, émigrant sera employé au moment où se fait la migration. Par la suite, on parlera de l’émigré. (Wikipédia, s.v. ÉMIGRÉ)
Or, qui émigre (quitte son pays) finit tôt ou tard par immigrer (arriver dans le pays d’accueil). Ce que l’anglais nomme landing. L’action d’un immigrant. Donc, plus tard, d’un immigré.
Landed immigrant se dit immigrant admis (ou résident permanent). L’expression *immigrant reçu est obsolète.
Ailleurs, les choses peuvent se compliquer encore, comme on peut le voir ci-dessous.
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Land et landing
En contexte aéronautique et militaire, les termes anglais land et landing sont des hyperonymes, qui se traduisent comme suit :
Au sens de poser un appareil sur la terre ferme, ont dit atterrir et atterrissage.
Se poser dans l’eau, c’est amerrir et amerrissage.
Sur les porte-avions, porte-hélicoptères ou porte-aéronefs, c’est apponter et appontage.
Pour les troupes amphibies, les « Marines » (l’infanterie de marine, les fusiliers marins), qui surgissent de leurs chalands et péniches, c’est débarquer et débarquement. Fait logique, en allemand, le débarquement de Normandie s’appelle invasion (prononcer « Inn Va Zionn »), alors que, pour les Français, c’est plutôt la libération.
D’ailleurs, en anglais, langue de source germanique, on lit souvent, là aussi, the invasion of Normandy.
C’était le D-Day, le jour J, le 6 juin 1944, le Jour le plus long, dont on marquait en 2024 le 80e anniversaire, en respectant l’heure H, la H-Hour, soit 6 h 30, heure locale.
Bien plus tard et bien plus haut, sur la Lune, le premier homme allait alunir (alunissage) le 20 juillet 1969.
Alors que, sur la planète rouge, un premier vol inhabité parvenait à amarsir (amarsissage), le 2 décembre 1971.
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Voyageurs de l’espace
En rien que trois courtes générations, l’humanité aura su envoyer dans l’espace des astronautes (américains), des cosmonautes (soviétiques puis russes), des spationautes (européens) et des taïkonautes (chinois)… Et ce n’est qu’un début.
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On constate donc une polarité, une orientation distincte, selon les points de vue : le vutisme serait-il, dans ses nuances, le pendant du pointillisme en peinture ? Il force l’observateur à prendre un certain recul pour bien appréhender son sujet.
Ce point de vue repose sur des assises géographiques, géopolitiques ou morphologiques.
Comme on dit au hockey, il y a de quoi y perdre son patin.
Chronique de Carlos del Burgo, terminologue agréé et traducteur agréé
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