Une enquête publiée dans Le Monde le 12 septembre dernier montre l’étendue des dérapages, parfois gênants, auxquels nous sommes tous confrontés lorsque nous utilisons nos téléphones intelligents. Voici quelques morceaux choisis à savourer.
Le quotidien du soir français cite une étude de l’Université d’Umeå, en Suède, qui montre que les messages traités par la correction automatique contiennent moins de fautes, en règle générale, que ceux que nous écrivons par nous-mêmes. Pourtant, si l’on se fie aux anecdotes recueillies par Le Monde, le moins que l’on puisse dire est que cet outil joue souvent des mauvais tours.
Ainsi, une quinquagénaire témoigne d’une situation embarrassante causée par le correcteur automatique de son téléphone : « Cela fait une semaine que j’ai trouvé une jeune étudiante pour aller chercher ma fille à l’école. Elle s’appelle Nourayat. Je lui envoie un texto pour lui annoncer un changement de planning. Je ne vois pas que le correcteur a écrit “Bonjour Noirâtre” à la place de “Bonjour Nourayat” et je fais partir le message. Il se trouve que Nourayat est noire de peau. Je suis figée de honte. Me confonds en excuses. Depuis, je me relis presque toujours. »
Autre témoignage relayé par le journal : une cadre supérieure souhaite indiquer à un contact qu’elle arrive au plus vite et écrit, dans le feu de l’action : « Je saute sur un célib [mot proposé par le correcteur automatique au lieu de Vélib’, équivalent de Bixi à Montréal], j’arrive. »
« Au prétexte de nous aider, c’est notre liberté d’écrire au quotidien qui est en jeu, de jouer avec la langue », confie de son côté un chef d’entreprise.
Relatant une expérience personnelle, Nicolas Reeves, professeur d’université à Montréal, avoue pour sa part être « resté sous le charme de la poésie incongrue [d’une] juxtaposition accidentelle » de deux mots envoyés à son fils par texto : « oasis délibèra ».
L’une des raisons pouvant expliquer les erreurs de frappe est le problème « des gros doigts », avance le journal, qui ajoute que, parfois, « le lapsus devient étrangement signifiant, la machine semblant fonctionner [alors] comme une chambre d’écho psychanalytique ».
« Au travers de ces dispositifs peut s’instaurer une police de la langue, avec le risque que des choses ne deviennent plus dicibles, donc plus pensables, comme dans 1984 d’Orwell », redoute le psychiatre Serge Tisseron.
Source : Le Monde, « Merci, c’est génital ! » : les embarrassants ratés de la correction automatique, Nicolas Santolaria
Crédit photo : Pexels / Karolina Grabowska
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